• 14. La déesse des marais de Tomislav Petranovic

    14. La déesse des marais de Tomislav Petranovic

     

    Tomislav Petranovic: "Eau folle", huile sur toile de 1973

    Retournons sur les bords de la Drave, ses marais et ses légendes. Tomislav Petranovic a peint une toile intitulée "Printemps", représentant une "femme qui vit quelque part dans les marais". Tomislav dit: "Je la montre portant des fleurs, peut-être est-ce notre Vesna, la Slave ancienne, déesse du printemps. Je voulais montrer le printemps à ma manière, comme si une femme arrivait des marais, apportant l'haleine des fleurs".

    "Eau folle" ci-dessus évoque un thème proche, et fait penser aux "Pêcheuses" de Josip Generalic. Tomislav dit: "C'est la région de la vallée de la Save. Il y a là la rivière, des marais, de vieilles souches d'arbres, des paysans aux poings formidables, des paysans qui, au dire de certaines personnes paraissent un peu grotesques, bien que je ne les caricature nullement. Ils sont vigoureux, trapus, des colosses comme tous les paysans slovènes des environs".

    Tomislav-Rvat Petranovic naît en 1934 dans le village de Prvca près de Nova Gradiska (dans la Podravina croate - encore un!)' et n'en bougera pas beaucoup, tentant un peu l'expérience de la ville. Instituteur, il attendra 1965 pour se mettre à peindre vraiment, autant sur toile que sur verre.

    14. La déesse des marais de Tomislav Petranovic

     

    Tomislav Petranovic: "Le retour", huile sur toile de 1972

    Tomislav ne paraît pas être dans le premier cercle des naïfs yougoslaves. Il n'aime d'ailleurs pas ce qualificatif. Il aime bien dire qu'il n'a jamais pu s'inscrire à l'Académie des Arts parce qu'il n'avait pas de relations, en un mot "pas la carte". Heureusement, en faisant le soir un petit boulot de garçon de café dans un bar où les frères Pintaric jouaient de la musique, il va rencontrer Josip Pintaric, déjà peintre, qui va l'initier et deviendra son ami à Nova Gradiska.

    Tomislav a été marqué par la guerre durant son enfance. Son père était garde de chemin de fer et la famille habitait une maison isolée au bord de la voie ferrée. Les Allemands conduisaient les paysans-résistants dans un endroit désert et les exécutaient près de la maison. Tomislav dit: "Nous nous mettions, mon père, ma mère et moi à genoux et nous priions pour le repos de leur âme. Je me souviens de ces wagons chargés de prisonniers dont un était occupé par des juifs grecs. Le train s'arrêta à côté de notre maison parce que les partisans avaient fait sauter la voie un peu plus loin. Les prisonniers affamés et assoiffés demandaient de l'aide, ma mère et moi nous rampions jusqu'à eux, nous efforçant de ne pas être vus et nous leur offrions de l'eau car nous n'avions pas de vivres à leur donner".

    Difficile de ne pas évoquer la guerre pour ces peintres nés avant 1940. Tomislav conclut en disant que ses compatriotes sont simplement doués pour l'art, et si l'art naïf y a trouvé niche, c'est que la société moderne a négligé la nature et que les naïfs, eux, savent la contempler et lui sont redevables des trésors de motifs qu'elle leur offre.

    14. La déesse des marais de Tomislav Petranovic

     

    Cébizar Lémek (cebizarlemek.eklablog.com)

    A suivre: le pote de Tomislav, Josip Pintaric!


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :