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13. Calamités en Podravina
Vilma DORESIC: Sécheresse estivale (1972) - huile sur verre
Et voici Vilma, élève dit-on de Tereza Posavec-Dolenec, mais aussi aidée par Ivan Generalic (sacré lui, il est incontournable!) puisque, originaire de Pakrac en Croatie(née en 1936), elle a la bonne idée de s'installer à Hlebine. Dans ce village, il semble qu'on distribue à chacun un pinceau et des tubes de couleurs pour voir ce que cela va donner! Vilma dit: "Il ne faut pas utiliser les peintures telles qu'elles sortent du tube, vous savez, il est nécessaire de les mélanger". Cela montre à quel point ces peintres-paysans sont des autodidactes, à la technique sans doute frustre certes, mais qui aboutit à une toile telle que la "sécheresse estivale", car les naïfs aiment à représenter la vie de tous les jours, et Vilma se souvient d'une sécheresse terrible connue juste après la guerre: "nous avons mangé du pain de maïs toute l'année suivante. Car, à un moment donné, au 8ème mois, la pluie a recommencé à tomber de sorte que nous avons eu une récolte de maïs, pas de blé. Nous avions terriblement envie d'avoir à manger, mais il n'y avait rien. Nous étions nombreux chez nous, onze enfants".
Vilma dit: "Sur ce tableau, l'année a été très sèche. Le blé est clairsemé, des épis s'affaissent desséchés, il n'y a pas d'eau. Les gens souffrent de la sécheresse, les troupeaux ont soif et le chien est maigre et altéré. Un homme est en prières devant le champ de blé. Il a saisi un épi et celui-ci n'a pas de grain. L'homme ne sait s'il pourra ou non moissonner quelque chose. Près de la maison, une grand'mère se désole. Un enfant la regarde: il a faim et soif et il supplie qu'on lui donne du pain et de l'eau, mais il n'y en a pas. La vieille femme tient son chapelet en mains et elle prie. Il fait si chaud et sec, le ciel est écarlate".
Enfin, Vilma conclut: "Mes peintures sont différentes de celles des hommes. Le coloris est plus doux dans mes tableaux et, lorsque je représente un homme, il paraît moins rude. Je ne lui mets pas des pantalons rapiécés comme le font les hommes. C'est ce que les gens disent".
Ivan LACKOVIC CROATA: "Poplava" ("Inondation") 1963
Après la sécheresse, voici les inondations, fréquentes dans la vallée de la Drave. Les couleurs sont inhabituelles, comme si le fleuve charriait de la boue. Ces teintes jaunâtres/verdâtres ajoutent de la langueur chère à Lackovic. Que trimbale exactement le monsieur au chapeau devant lui?
Ivan GENERALIC "Inondation" (1964). Huile sur verre
Un an après Lackovic, Ivan Generalic ("le boss' de Hlebine") s'y met aussi. Sur son tableau, les femmes n'ont pas peur. Diable, elles ont du caractère! (voir au chapitre 15 ce qu'il dit de sa femme!)
Mijo KOVACIC: "L'inondation" 1972: huile sur verre (300 x 500 mm)
Et pour finir, Mijo, notre chouchou. Cette fois nous sommes dans les marais, avec ses personnages rustauds. L'un chipe des oeufs dans le creux d'une souche, chien mouillé et oiseaux faméliques se disputent une carcasse. Les arbres sont fantasmagoriques. C'est beau (zoomez!)...
Cébizar Lémek (cebizarlemek.eklablog.com)
Vilma, après Tereza, vient conforter le petit groupe de femmes peintres yougoslaves. Nous allons continuer à les mettre en lumière. Nous ne sommes pas au festival de BD d'angoulême, bon sang!. Entre nous, ce blog est fier (et heureux) d'avoir eu récemment la visite de l'artiste Monic-Michèle, habituée des rencontres d'art naïf de Verneuil-sur-Avre.
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