• 22. Potiron, fruits et fleurs

     

    Petar GRGEC: "Potiron" - huile sur verre de 1970

    Après trois mois de jachères (suite aux belles moissons du chapitre 21), ce blog reprend la binette et le rateau pour une page bucolique, un des thèmes préférés de nos yougoslaves (mot à présent désuet nous le savons, mais nous nous attachons toujours à nommer un serbe un serbe, sans omettre qu'un habitant de Voïvodine peut être slovaque ou hongrois, et un paysan de la vallée de la Drave presque sûrement croate!). Commençons par un plantureux potiron, peint sur verre par Petar GRGEC, né en 1933 à Klostar en Croatie. Il n'est pas paysan, mais aime à peindre la campagne, surtout à l'aube ou au crépuscule, et de préférence en automne. Souvent un saule apparaît en arrière plan ("vern" en breton), qui est pour Petar l'arbre de l'indestructibilité. Taillez-le, toujours il repousse. Des légendes racontent qu'autrefois la vallée de la Drave était souvent inondée et que les premiers babitants ont construit leur maison sur de larges saules (plusieurs peintures naïves représentent ces images d'habitations au-dessus des marais, tel Kopricanec). Ah, Petar nous dit aussi qu'il a été trois fois champion de Yougoslavie en demi-fond. Une volonté, une persévérance qu'il a appliquées à sa peinture.

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    Josip-Joska HORVAT: "Trois roses" - huile sur verre de 1972

    Avec Josip, on reste en Croatie. Natif de la Podravina juste au début de la guerre (1939), il a ensuite vécu à Zagreb où il est devenu peintre... en bâtiment. C'est sa première incursion dans ce blog. C'est Ivan Lackovic qui l'a incité à prendre à son tour le pinceau. Josip est le peintre des fleurs, pavots, coquelicots, perce-neige, "fleurs hâtives". Son coeur et son âme sont restés dans la Podravina. On retrouve toujours le thème des paysages sublimés de l'enfance perdue. Enfin, Josip, chouette ton tableau, mais des roses... tu es sûr?!

     

     

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    Branko LOVAK: "La pomme fatale" - huile sur verre de 1972

    Une pointe d'humour avec un disciple d'Ivan Generalic: Branko LOVAK (né à Hlébine en 1944, soit carrément dans la marmite de potion magique!) est ensuite parti exercer la profession d'étalagiste à Ljubljana, Slovénie. Du tableau ci-dessus, Branko dit: "On me dit: pas la peine de signer vos tableaux, il suffit que vous y mettiez cette pomme rouge, chacun saura qu'il est votre oeuvre. Pourtant vous y voyez deux sortes de fruits, une pomme et une poire. En dessous de l'arbre, une vache cherche à atteindre la pomme. De là le titre Le fruit défendu (variante de La Pomme fatale). On voit la pomme qui est un poison et la vache qui cherche à en prendre un morceau. Je pense qu'ici, même dans la technique (du verre), j'ai mis beaucoup de moi-même..."

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    Stjepan VECENAJ: "Nature morte", une huile sur verre de 1971

    Stjepan est le frère cadet d'Ivan, auquel ce blog a consacré un plein chapitre. Vous vous souvenez, l'illuminé qui aimait transposer des scènes de la Bible dans la vallée de la Drave! Stjepan, c'est un vrai de la Podravina: né en 1928, c'est un vrai peintre-paysan (ou l'inverse plutôt). C'est son frangin qui l'a poussé à peindre les pinceaux, presque toujours sur verre, technique unique!: "il faut toujours retourner la peinture, mille fois". Un de ses tableaux connus est intitulé: "Le jeu de la bascule près du puits" (chouette nom, non?). Il aime aussi peindre les mariages, le carnaval, et "les soûlards qui sortent ivres des cafés et que leurs femmes poursuivent en les frappant à coups de bâtons!" (une idée de thème pour un prochain chapitre du blog?). Stjepan dit que ce sont surtout des Italiens qui achètent ses tableaux.

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    Josip GENERALIC: "Fleurs" huile sur verre de 1971

    Ben oui, c'est Josip! Le fils de son père. Le surdoué, le hippie, ici en plein "trip" flower-power, à la lisière du psychédélisme. Il a intitulé ce feu d'artifice simplement "fleurs". Ben voyons. Josip a 35 ans lorsqu'il nous régale de cette féérie bucolique. Pas d'autre commentaire.

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    Matija SKURJENI: "Les fleurs" - huile sur toile de 1969

    Oh, la, la, mais qu'est-ce donc? Un rêve fixé sur une toile? Tout à fait, rien que ça. Vous découvrez l'antique Matija SKURJENI, le "peintre de rêves", né en 1898 (!) près de Zlatar, et qui vécut ensuite à Zaprésic (c'est près de Zagreb). Fils de bûcheron, on n'ose même pas vous raconter son enfance, ou vous allez pleurer (son père tué par la chute d'un arbre, laissant sa femme seule avec... 8 enfants, Matija qui part travailler à la gare à ... 12 ans avant d'être blessé sur le front russe lors de la grande guerre de 14-18 soit vers 18 ans! Arrêtons-là). La technique de Matija? Parfois réveillé par des rêves encore frais, il se lève immédiatement et peint ce qui est encore gravé dans sa mémoire. D'où ces tableaux à la touche magique, marquée du sceau du subconscient

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    Ivan LACKOVIC: "Fleurs écarlates" 1964, huile sur verre

    Pour notre plaisir, et le vôtre aussi espérons-le, la contribution d'Ivan Lackovic à ce chapitre fleuri. "Immense bouquet de leurs dans la Podravina. Il représente chaque tige, chaque feuille dans le moindre détail", dit de lui Nébojsa Tomasevic, le spécialiste des naïfs yougoslaves.

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    Branko BAHUNEK: "Le marchand de fleurs" huile sur verre de 1974

    Pour clôre ce chapitre bucolique, glissons vers l'étrange, quittons la campagne avec Branko BAHUNEK, de Zagreb, qui s'inspire de l'environnement urbain. Branko est né en 1935, il aime représenter la banlieue ouvrière, les petites maisons collées les unes contre les autres, les ruelles étroites et arrières-cours misérables.  On pense aux Kinks dans "Dead end street".

    Branko dit: "ce que j'aime montrer, c'est le pauvre homme qui travaille dur pour travailler". Souvent un violoneux. Ici, on nous a dit que c'était une marchande de fleurs qui vendait des fleurs sauvages. On a regardé de près: on a appelé le tableau: LE marchand de fleurs. Qu'en pensez-vous? En tous cas, le tableau fascine.

    Cébizar Lémek (cebizarlemek.eklabog.com)


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