• 2. Un zeste d'histoire yougoslave

     

    Ristic PETAR: "Guerre fratricide" (1970) - huile sur verre

     

    A l'heure où Ivan Generalic prend ses pinceaux dans la cour de sa ferme à Hlebine (vers 1930), la Yougoslavie est un jeune royaume. Après avoir vécu des siècles sous domination des Ottomans (les Turcs) ou de l'empire Austro-Hongrois, la région (appelée gentiment "poudrière des Balkans") est devenue une monarchie à la fin de la première guerre mondiale. Les habitants sont catholiques (Croatie surtout), orthodoxes (Serbie surtout) ou musulmans (Bosnie-Herzégovine surtout). Pour la petite histoire, le roi s'appelle Alexandre 1er, il est un peu dictateur, et sera assassiné à Marseille en 1934.

    2. Un zeste d'histoire yougoslave

     

    Portrait du roi Pierre 1er et de son fils, futur Alexandre 1er (par Pierre Zimmermann)

    Eclate la seconde guerre mondiale. En avril 1941, les Allemands (et les Italiens derrière) envahissent la Yougoslavie qui capitule en quelques semaines. En Croatie, les terribles Oustachis sont placés au pouvoir. Le vent tourne en 1945 quand le résistant communiste Tito parvient à libérer le pays, sans l'aide de l'armée rouge soviétique. Reste la phrase: "Les Oustachis partis, il y avait des moustachus partout".

    Tito a du caractère et il prend donc le pouvoir, et pour longtemps. Il se démarque de Staline en 1948: son pays, bien que faisant partie du bloc de l'Est, restera démarqué de la domination des Russes, contrairement à la Hongrie ou la Tchécoslovaquie par exemple. Il va parvenir à créer la République Socialiste de Yougoslavie, qu'il décrira joliment: "La Yougoslavie a 6 républiques, 5 nations, 4 langues, 3 religions, 2 alphabets et un seul parti".

    2. Un zeste d'histoire yougoslave

     

    Josip Broz, dit "Tito", et Winston "no sport" Churchill, en 1944

    La Yougoslavie perdurera jusqu'en 1992. Le maréchal Tito mort (1980), le pays va imploser avec le réveil brutal des nationalismes, entraînant les pires guerres et massacres que l'Europe aura connus depuis la chute du nazisme.

    L'histoire de nos paysans-peintres s'inscrit dans la période 1930-1985. Ils auront connu l'invasion des Allemands. Ils vivent dans le souvenir des soulèvements de leurs ancêtres contre les Turcs. La Yougoslavie de 1930 fait un peu penser aux aventures de Tintin dans "le sceptre d'Ottokar", avec les Syldaves et les Bordures, non?

    Cébizar Lémek (cebizarlemek.eklablog.com)

     

    2. Un zeste d'histoire yougoslave

     

    Détail de la région de Croatie et Bosnie vers 1895 (extrait d'un Atlas Stieler, neuvième édition) que les Allemands ont laissé derrière eux en 1945 lors de leur débâcle. (cliquez sur la carte pour zoomer!)


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  • 1. Les as de la peinture sur verre

     

    "Eté", par Ivan Lackovic Croata (la carte postale est un peu piquée)

     

     

    Les peintres-paysans (ou plutôt paysans-peintres!) apparaissent dans la campagne yougoslave, en pleine "Mittel Europa", avant le début de la seconde guerre mondiale. Vous imaginez les agriculteurs de votre région prenant en nombre un pinceau? Dans mon coin (appelé le Bas-Léon), haut-lieu de tradition paysanne pourtant, où les sols des fermes ont longtemps été en terre battue, et les vaches gardées l'été dans les champs par les enfants, cette association peintre-paysan aurait paru totalement saugrenue, et l'artiste en sabots rapidement moqué.

    Mais dans la vallée de la Drave ("la Podravina"), à l'est de Zagreb, un mouvement pictural va naître. Son chef de file s'appelle Ivan Generalic. Il va développer une technique spectaculaire: la peinture sur verre (pas le verre à boire, le verre plat comme une vitre!). Le truc: au lieu de peindre comme à l'habitude en premier lieu le fond du tableau (le ciel, l'arrière-plan...), il va commencer par peindre sur le verre les détails du premier plan (personnages, arbres ou animaux). Il va laisser sécher et supprimer tous les traits de pinceaux un peu grossiers. Il va procéder de la même manière, couche après couche, en s'éloignant du premier plan, pour terminer par l'arrière-plan. Champion, non? Au final, grâce au verre, une luminosité et une flamboyance des couleurs incomparables.

    Mijo Kovacic dit: "On arrive à peindre plus rapidement sur toile, mais impossible d'y mettre autant de détails. Sur verre, on réussit à faire apparaître beaucoup mieux et beaucoup plus nettement les détails. Et les gens préfèrent ça."

    1. Les as de la peinture sur verre

     

    Ivan Lackovic dans son atelier en 1973: voici percé le secret de la peinture sur verre!

    Tous les peintres naïfs yougoslaves ne peindront pas leurs huiles sur verre, mais cette technique restera leur brillante signature. Peu à peu dans ce petit blog, on va s'aventurer dans la campagne croate, et même slovène, serbe ou monténégrine. On va se promener dans les hameaux de la Podravina, à la rencontre des paysans-peintres. Chiche!

    Cébizar Lémek (cebizarlemek.eklablog.com)

    1. Les as de la peinture sur verre

     

    "Fleurs bleues", par Josip Kovacic (1976)


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